mercredi 18 octobre 2017

GÉDÉON A INTIMIDÉ SAM EN LE TRAITANT D’ORTHO ! LA PROF L’A LAISSÉ FAIRE ! TROISIÈME POST


Tite-Mine et sa mère Georgette
[…] Tite-Mine resta une semaine dans le coma. On la garda en observation pendant quelques jours, puis on la laissa rentrer chez elle.
Le lendemain, alors que sa mère pétrissait la pâte à tarte, Tite-Mine s’accomplit de sa tâche : raconter à sa mère ce qu’elle avait vécu dans l’au-delà, une mission à laquelle Gumby l’avait contrainte à accomplir, si elle sortait du coma, saine d’esprit.
       Ça va te paraître dingue, maman, mais Gumby m’a obligée à aller à l’école pendant que j’étais à « l’au-delà ».
       Gumby, hein ! Plutôt insolite, comme ange-gardien, non !
       Je sais. Ça paraît débile.
       Cruelle ! Mais bon usage du mot ! Tu es dure avec toi, ma chérie ! Et tes amis…
       Ils ne me voyaient pas, maman, l’interrompit Tite-Mine. Je planais au-dessus de leur tête et au-dessus de celle de ma prof.
       Et que vous a-t-elle enseigné, ta prof, à tes amis et à toi ? demanda Georgette en continuant à pétrir sa pâte à tarte, affichant un air déconcerté.
       C’est justement de cela dont je veux te parler, maman. Il s’est passé un incident dans la classe.
Surprise par ses propos, Georgette redressa la tête et regarda Tite-Mine.
       Gédéon a intimidé Sam en le traitant d’ortho, continua Tite-Mine. Contre toute attente, Sam s’est retourné et s’est défendu ; Gédéon prenait place derrière le pupitre placé derrière le sien. La prof l’a laissé faire. Il faut dire que Sam tenait des propos surprenants :  
« Imagine que l’on se trouve aux États-Unis et que l’on soit en 1945, Gédéon. Tu viens de faire une crise d’épilepsie, et l’on t’a conduit à l’hôpital où l’on s’apprête à t’opérer.
Plusieurs heures plus tard, tu ouvres les yeux à la salle de réveil, mais tu n’es plus toi. Tu n’es plus toi parce que l’on t’a fait une lobotomie. C’est ce qu’on faisait aux gens souffrant de crises d’épilepsie à cette époque. C’est aussi le même sort qu’on réservait aux gens souffrant de schizophrénie. Même chose pour les personnes aux prises avec des maux de tête chroniques. 50 000 personnes ont connu ce sort aux États-Unis dans les années quarante parce que c’est le consensus qu’avait consenti le corps médical dans ces années-là. »

« C’est quoi un consensus ? » osa demander Gédéon.

« Un consensus, c’est la vérité du moment – dans le sens époque, celle à laquelle adhère une population, un accord dont tout le monde consent et auquel il accepte de se plier. Autrement dit, si, à partir d’aujourd’hui, au Québec, l’on autorisait la pratique de la lobotomie sur les personnes souffrant d’épilepsie, parce que l’on juge que c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour ces personnes, tout individu aux prises avec cette maladie nerveuse risquerait de subir une lobotomie. Je ne donnerais pas cher de ton cerveau, mon vieux ! Donc, pour établir un consensus, il faut compter du temps. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer sur le TDA(H) dans le monde. On cherche à établir un consensus : est-ce une maladie, une déficience, une malformation, une condition neurologique particulière ? Est-ce le cerveau d’une personne qui apprend différemment la matière, une ‘’ Formule 1 mentale ‘’ ? Personnellement, j’adhère à cette dernière version. Mais, ici, à l’école, pour la majorité des élèves, un TDA(H), c’est un ortho. Quelqu’un qui manque d’intelligence. Un cave, quoi !

« Sam ! », a alors lancé l’enseignante en lui jetant un regard furibond.

« Désolée, madame la professeure ! Je voulais dire un élève sot.

Le problème dans tout ça est que, lorsqu’on est victime d’un consensus inacceptable, il est difficile de s’en sortir, car l’on est pris dans l’engrenage du consensus. Prends Einstein, par exemple : alors qu’il n’avait que 15 ans, on le dépeignait comme un élève étourdi qui éprouvait des difficultés à s’exprimer, lesquelles seraient dues à une dyslexie. La goutte qui a fait déborder le vase, c’est l’indiscipline d’Einstein. Einstein n’arrivait pas à se discipliner. Comme résultat, son professeur de grec, le jugeant incapable de suivre les règlements scolaires, l’a fait expulser de l’école.
En somme, les membres de la direction de l’école ont établi un consensus sur Einstein : ils en sont venus à un accord, soit qu’il était incontrôlable. Par conséquent, ils ont expulsé Einstein de l’école pour le bien des autres élèves. »
       Je ne voudrais pas péter ta bulle, ma chérie, mais j’aimerais savoir où tu veux en venir, l’interrompit Georgette.
       J’y viens, maman !


   À suivre ! 

mardi 22 août 2017

LES PÉRIPÉTIES D’UNE ÉLÈVE TDA(H), DEUXIÈME POST : C’EST QUOI ÇA, LE « MACHIN » QUI ME POUSSE DANS LE DOS ?




      […]
 Qui es-tu ? lança Tite-Mine, en voyant l’étrange personnage qui faisait le pied de grue devant elle.
   L’on ne t’a jamais appris les convenances : dire bonjour à une personne lorsque tu fais sa rencontre ?
   Pourquoi as-tu des ailes ? As-tu un prénom ? J’ai un mal de…
      Je suis ton guide, Tite-Mine, l’interrompit Gumby.  Je suis le Guide-Intérimaire-De-Dieu.
     Je veux retourner chez moi ! Aaaaaah ! C’est quoi ça, le « machin » qui me pousse dans le dos ?
   Tu ne peux pas retourner chez toi ! Et le « machin », dans ton dos, c’est une paire d’ailes.
    Suis-je… ?
  Non, l’interrompit à nouveau Gumby. Tu es dans le coma.
   Alors, pourquoi ai-je des ailes ? Et pourquoi planons-nous au-dessus de ma classe ?
   Tes ailes, elles vont tomber : c’est pour préparer ton corps à en porter, dans l’éventualité où… enfin, tu comprends ; sur ta deuxième question, tu es ici jusqu’à ce que Dieu décide de ton sort. D’ici là, tu dois poursuivre tes classes.
  Pourquoi n’irais-tu pas prendre un bain de soleil, histoire de te ramollir la « plasticine ». Ça me donnerait le temps de déguerpir ? Génial ! Je suis en présence d’une pâte-à-modeler ailée qui m’annonce que je suis ni morte, ni vivante et qui, malgré ma situation, disons-le, effrayante, m’informe que je dois continuer à aller à l’école… Encore heureux que tu ne m’aies pas annoncé que je me trouve en colonie de vacances. J’imagine la brochure publicitaire : « Vous passerez un merveilleux séjour en compagnie de Pâte-Molle, notre guide touristique intersidérale, qui vous conduira à votre classe ! » Moi qui me réjouissais à l’idée de ne plus me taper de textes narratifs.
      Tu ne feras pas d’analyse de textes, Tite-Mine !
      Hein ! Que vais-je faire alors ? [..]

À suivre ! 

vendredi 18 août 2017

LES PÉRIPÉTIES D’UNE ÉLÈVE TDA(H), PREMIER POST : UNE RENTRÉE SCOLAIRE FRACASSANTE

En direction vers le collège Les Trois Sacrements, Tite-Mine, assise en amazone sur son téléphone intelligent volant, suivait le trafic sur la rue Des moutons noirs quand, soudain, elle sentit une douleur fulgurante à la tête.

L’instant d’après, tout s’éteignit autour d’elle. Tite-Mine ne voyait plus à présent qu’une noirceur troublante, puis, le néant.

Un instant plus tard, sur la rue Des moutons noirs, il y eu des bruits de tôle fracassants et des bruits de vitre qui se brise : Tite-Mine venait de s’effondrer par terre, causant un terrible carambolage.  

À suivre ! 

mardi 30 mai 2017

CHER GUMBY, J’AI ACCOMPLI UNE PARTIE DE MA MISSION !
Cher Gumby, mon Être-Suprême-Intérimaire-De-Dieu.

Puisque je n’ai toujours pas réglé la question de mes croyances religieuses et que je ne désire pas m’adresser à Dieu, je fais à nouveau appel à toi.

Si tu te souviens bien, à cette période-ci, l’an passé, j’avais fait pleurer un adolescent TDA(H), et ça m’avait bouleversée : les yeux remplis de larmes, Max m’écoutait avec attention lui annoncer qu’il accusait plusieurs années de retard sur ses apprentissages en français. Quatre ans de retard en lecture et en écriture, à vrai dire.

Lorsqu’il est sorti de chez moi, j’ai pleuré. J’ai pleuré parce que, bien qu’on me prétende le Département-Des-Miracles, j’avais peur de ne pas être à la hauteur des attentes de Max. De plus, j’avais l’impression d’avoir enfilé une chape de plomb sur mes épaules puisque Max réalise son rêve : il fait ses études secondaires dans une école de cirque. Une école de cirque de renommée mondiale ! Je sentais donc qu’il s’en remettait à moi sur le redressement de ses apprentissages du français. Mais il y a une autre raison pour laquelle je sentais cette lourdeur sur mes épaules : Max a vu deux professionnelles qui ont tenté en vain de redresser ses apprentissages avant que j’intervienne, et je sentais que ses parents avaient de grandes attentes sur ma capacité de faire arriver « un miracle » pour leur fils, mais, surtout, de le faire arriver dans un temps record.  

L’on s’est alors retroussé les manches, Max et moi. Pendant près de dix mois, je l’ai amené à développer ses capacités à analyser des textes, notamment le texte narratif, en lui procurant de l’outillage adéquat. Et, comme la vie fait bien les choses, l’enseignante de Max m’a aidée à accélérer le processus puisqu’elle oblige ses élèves à analyser plusieurs nouvelles littéraires par mois. Max s’est donc entraîné sans relâche au fil des mois à se servir de l’outillage que je lui procurais.

« DEPUIS LE PRIMAIRE, JE ME SUIS CONDITIONNÉ À AVOIR DES 60 % ! »

Les résultats ont commencé à arriver assez rapidement. Mais quelque chose  clochait, et ça m’a pris un certain temps avant de le découvrir : Max faisait les choses avec retenue. Il se servait de l’outillage, mais ça me donnait l’impression qu’il le faisait comme s’il tenait un bâton de dynamite dans les mains, comme s’il avait peur que ça lui pète au visage. Comme si l’outillage était de la dynamite : « Depuis le primaire, je me suis conditionné à avoir des 60 %, dans mes examens de français », m’a-t-il avoué, au début d’avril, cette année.

Bien sûr, l’on en a parlé. Au fil de notre conversation, j’ai compris que Max croit que c’est temporaire, ce qu’il vit. Il croit que ses résultats extraordinaires, il les obtient parce que je suis là. J’ai donc établi les faits avec lui : « Dans les faits, Max, c’est toi qui fais tes examens. Je ne suis pas là, dans la classe. Dans les faits, mon rôle, c’est de t’entraîner à te servir avec efficience d’un outillage que j’ai tricoté sur mesure pour les apprenants TDA(H). C’est tout ! Tout le reste, c’est toi qui le fais. Ce que tu penses de ton potentiel sur tes apprentissages, c’est un comportement conditionné. Quand on y pense, tu t’es conditionné à te contenter de peu sur tes résultats d’examen de français. Tu t’es conditionné à avoir des notes de passage, et ce, pendant près de neuf ans. Ton ‘’ muscle ‘’ mental est, par conséquent, très fort sur ce que tu penses de toi sur tes capacités académiques. C’est ce qu’on appelle une programmation mentale

Que dois-tu faire pour te reprogrammer ? Eh bien, lorsque tu te prends à penser que tu ne mérites que 60 % dans tes résultats de français, je te suggère de te répéter ce qu’un de mes élèves m’a dit un jour:

‘’ Le français est comparable à un lion dans sa tête : il fait peur quand il surgit. Le combat commence. C’est la crise. On frappe quelqu’un. On s’enfuit. On dit à ses parents qu’on veut mourir. Puis, à un moment donné, il se fait un déclic dans la tête. Le lion devient alors ton ami : tu aimes faire du français, et le français t’aime. ‘’
Benjamin C. 

En te répétant les propos de Benjamin, avec le temps, tu finiras par changer ta façon de penser sur tes capacités intellectuelles, car, en réalité, Max, tu es un élève très brillant. Les preuves sont là ! Il n’y a rien d’autre à ajouter. »

Le temps jouera en sa faveur : Max finira par s’y faire, à ses 90 %, dans ses examens de français. Il le faudra bien, Gumby, puisqu’il me reste l’autre partie de ma mission à accomplir : l’écriture. L’on a commencé à s’y appliquer, Max et moi, mais l’écriture touche une corde très sensible chez l’apprenant TDA(H), soit l’aspect psychologique. C’est pourquoi on avance avec prudence.

POUR L’APPRENANT TDA(H), LE MONSTRE, C’EST L’ÉCRITURE !

Et pour cause : écrire est l’expression de la pensée. Aussi, si le jeune écrit des textes incompréhensibles ou bourrés d’erreurs de syntaxe, de grammaire, de ponctuation, etcétéra, il le prend mal, car, contrairement à la lecture, l’écriture laisse des traces : lorsqu’il lit un texte, même s’il n’en comprend pas la moitié, il peut s’en tirer parce que c’est plus subtil puisque ça ne se voit pas. Mais, lorsqu’il écrit des textes, si ses textes sont incompréhensibles, on s’en aperçoit lorsqu’on les lit. En fait, ses pairs, son professeur, ses parents, tout le monde peut s’en apercevoir. Et ça, c’est confrontant. Pis encore, c’est effrayant. Je t’entends penser, Gumby : tu te dis que j’exagère sur le sentiment de peur qui envahit très vite un jeune dès qu’il remet un texte à son professeur. Eh bien, tu sais, la peur, c’est relatif : pour une souris, un chat, c’est un monstre ; pour l’apprenant TDA(H), le monstre, c’est l’écriture. Et il en est apeuré.

Par chance, jusqu’à présent, Max avance avec assurance sur les techniques d’écriture que je lui procure. Il faut dire que l’outillage y fait pour beaucoup. En faisant preuve de sagesse, en ne brûlant pas les étapes, l’on devrait atteindre notre but : faire en sorte que Max parvienne à bien écrire et à bien corriger ses textes. Le temps nous le dira. D’ici là, il faut faire preuve de patience et de sagesse. Surtout de sagesse, car, lorsqu’un apprenant prend des galons en lecture, il a tendance à croire que, le savoir écrire, ça s’apprend en criant ciseau : il a hâte de se sentir efficient en écriture.

C’est ce que je ressens chez Max. Il a hâte d’en arriver là. Et je le comprends. Je comprends aussi qu’il se soucie de ses parents : il veut leur montrer qu’il est capable de réussir cet aspect du français comme il l’a fait en lecture. Il y a autre chose : Max se culpabilise. Il se culpabilise d’avoir mis du temps à  devenir « bon » en lecture. Et, bien que je sois tentée de vouloir intervenir deux fois plutôt qu’une, en le rassurant, je m’abstiens. Je m’abstiens, car Max grandit à travers cette épreuve. Quelque chose de beau grandit en lui : à son insu, Max se reprogramme. Il se reprogramme au succès. Il y croit. Il se reprogramme dans un monde où tout est possible pour lui sur ses apprentissages. Désormais, Max croit qu’il a accès au succès scolaire dans une matière qu’il a fui depuis son primaire comme la peste.

 En fin de compte, cette partie de la mission, elle va bien se passer. Il faut juste que je retienne les ardeurs de Max en lui faisant comprendre que l’écriture, c’est comme la lecture : on est prêt quand on est prêt. C’est comme ça. Pratique, patience et tolérance sont les mots d’ordre.

En terminant, Gumby, je te remercie d’avoir pris le temps de m’écouter Je vais beaucoup mieux à présent.


dimanche 2 avril 2017

LE PARENT DE L’ENFANT TDA(H) : « COMMENT ÇA, ON N’APPREND PAS À ÉCRIRE DES TEXTES À L’ÉCOLE ! »



ON NE NAIT PAS AVEC UN CRAYON DANS L’OREILLE !

Savoir bien écrire un texte, ça ne s’apprend pas à l’école. À l’école, on outille les élèves. Tout parent devrait savoir ça.

En fait, l’on n’oblige pas les élèves à s’adonner à l’écriture, car ça ne fait pas partie des « us et coutumes » des établissements scolaires au Québec. En effet, sur ce point de vue, l’on n’a établi aucun consensus. Si c’était le cas, le gouvernement aurait implanté un programme d’entraînement quotidien où tous les élèves seraient obligés de se consacrer à l’écriture durant une période scolaire.

Ceci dit, puisqu’on ne nait pas avec un crayon dans l’oreille et que l’on ne conditionne pas l’enfant à écrire des textes par une séance d’écriture obligatoire à l’école, c’est le parent qui doit s’acquitter de cette tâche. Voici donc ce que tout parent doit savoir sur l’art d’apprendre à un enfant à bien écrire un texte.

UN COFFRE À OUTILS BIEN GARNI 

Il y a trois choses qu’un jeune doit faire pour arriver à bien écrire un texte. Les deux premières : il doit lire beaucoup et beaucoup écrire. L’un ne va pas sans l’autre. Il n’y a pas à s’en sortir de là. Même s’il se tape un livre par semaine, le jeune doit écrire des textes, car, si la lecture le familiarise avec le processus d’écriture, la mise en pratique, elle, le lui rend « accessible » : le jeune entraîne son cerveau à « photographier » les techniques et les styles d’écriture en lisant un livre ; l’acte d’écrire un texte, lui, permet au jeune de « matérialiser » ce que sa mémoire s’habitue à « photographier ». C’est un peu comme s’il recréait une copie de l’imagerie que crée son cerveau, lorsqu’il écrit un texte.

La troisième : il doit se munir d’un coffre à outils. Dans ce coffre, il y a du vocabulaire, vocabulaire que le jeune acquiert par ses lectures quotidiennes. Il doit aussi y avoir de la grammaire. Et pour cause ! Si votre jeune écrit des phrases comme celle-ci, appelez tout de suite la police : le corps a été transporté jusqu’au salon. Sac à papier ! Le tueur, où est-il ? S’il y a un corps étendu dans le salon, c’est qu’il y assurément un tueur caché à quelque part dans la maison, non ? À moins qu’un régiment de fourmis l’aient transporté jusqu’au salon, le corps ne peut s’être déplacé par lui-même jusqu’à là. Il faudrait plutôt écrire ceci : le tueur a transporté le corps jusqu’au salon. Là, c’est mieux ! Après tout, c’est toujours bien le tueur qui l’a tué, ce corps !

En somme, il importe peu qu’un enfant aille dans une école privée ou une école publique, car la règle est la même pour tout le monde lorsqu’on veut bien écrire un texte : lire beaucoup et beaucoup écrire.


IL N’Y A PAS DE PASSE-DROIT AU CÉGEP !

Le jeune qui s’est dispensé de la lecture et de l’écriture durant son primaire et son secondaire, ça devient dramatique pour lui, au cégep, puisqu’il n’y a pas de passe-droit rendu là. Rendu là, on prend pour acquis que l’étudiant maîtrise la langue française tant sur la grammaire, sur l’orthographe, sur la syntaxe, sur la ponctuation, sur les homonymes que sur l’analyse des textes, sur la compréhension des figures de style et sur la théorie et la pratique de l’argumentation.

Concrètement, ce que ça veut dire, c’est que le cégépien doit être efficient sur la rédaction de ses textes. Il doit donc être capable de produire un texte en ne faisant qu’une faute aux quarante-cinq mots écrits. Et il est mieux d’y arriver, car, l’on soustrait 30 points de sa note finale, pour les fautes qu’il laisse dans une dissertation. Quand on pense que la dissertation ministérielle compte 900 mots, on comprend pourquoi il vaut mieux maîtriser la langue française bien avant d’arriver au cégep.

En terminant, j’ose donner un conseil aux parents : si votre enfant se trouve au primaire ou au secondaire, il est de votre devoir de lui apprendre à « engranger » de l’expérience sur la langue française. Habituez-le à aller chercher des compétences en grammaire. Entraînez-le à photographier les styles et les techniques d’écriture par la lecture et amenez-le à acquérir de l’expérience en écriture. Ces règles, tatouez-vous-les sur le front, s’il le faut, mais, de grâce, ne les oubliez pas. Ne les cachez pas au fond de votre mémoire !


      Manon Éléonor Rossignol,
      Chercheuse indépendante en enseignement du français par des processus métacognitifs pour
      l’apprenant TDA(H)
      Rédactrice, correctrice-réviseure,
      Romancière
      manoneleonor.blogspot.ca
      manoneleonor@videotron.ca


jeudi 23 mars 2017

LE PARENT DE L'ENFANT TDA(H) : « J’EN AI RAS LE BOL ! »


« LE FRANÇAIS, C’EST UNE VRAIE VACHERIE […] ! »

Effrayé par le sort incertain que l’avenir réserve à son garçon, le père d’un de mes élèves, épuisé par les mille démarches qu’il a entreprises pour aider son fils sur ses apprentissages du français, est sans retenue lorsque je lui annonce que son garçon accuse beaucoup de retard sur ses apprentissages : « Le français, c’est une vraie vacherie pour mon fils », me lance-t-il. « Eh bien, vous n’avez pas tout à fait tort ! » lui répondis-je, en cherchant à le calmer.  

Son fils, qui est aux prises avec un TDA(H), est en deuxième secondaire. Il accuse trois années de retard sur ses apprentissages du français et il veut que je lui fasse arriver un miracle. L’adolescent en question croit qu’il va enfin comprendre ce qu’il lit, notamment ses textes narratifs, et qu’il va savoir bien écrire ses textes explicatifs comme par magie parce qu’il vient me voir une fois par semaine. La vérité est qu’il est trop occupé du lundi au vendredi pour mettre en pratique ce que je lui enseigne. Il faut dire que son agenda est plein à craquer, car il étudie dans une école privée Sport-études : « J’ai une compétition la fin de semaine prochaine. Je dois donc m’entraîner beaucoup d’ici là. » Je suis toujours surprise d’entendre ce genre d’argument de la part d’un jeune. « C’est comme vouloir tirer un pet d’un âne mort, jeune homme ! » dis-je à mon élève à titre de contre-argument. « C’est impossible, autrement dit, car, pour reprendre le retard sur tes apprentissages, entre autres, l’écriture de tes textes, tu dois t’y mettre. Tu dois y mettre du temps, parce que l’écriture est comparable à une discipline sportive : il faut se pratiquer pour devenir bon. Un point, c’est tout. »


« QUAND JE M’ARRÊTAI, JE DÉGOULINAIS DE SUEUR ! »

Le fait est que, si l’on parvient à redresser les apprentissages d’un apprenant sur sa compréhension de texte, non sans peine, je l’avoue, il s’agit d’une affaire plus sérieuse lorsqu’on parle d’écriture. En fait, je la comparable « au marathon du désert » : il faut développer de la persévérance et de l’endurance pour atteindre la ligne d’arrivée. C’est d’ailleurs ce que leur dirait Stephen King, aux jeunes, s’il avait à leur prodiguer un conseil, et pour cause !

À l’été 1999, cet auteur prolifique a été renversé par le Van d’un chauffard. Il n’a donc pas écrit une seule ligne le mois suivant son accident. Lorsqu’il s’est remis à l’écriture, ç’a été la catastrophe : « La première séance […] dura une heure quarante. […] Quand je m’arrêtai, je dégoulinais de sueur. […] On aurait dit que c’était la première fois de ma vie que j’écrivais. […] J’avançais d’un mot à l’autre comme un très vieil homme se frayant un chemin sur les pierres immergées et disposées en zigzag d’un gué. […] Certains jours, c’était une corvée, une épreuve sinistre. […] Les mots commencèrent à arriver plus facilement au bout d’un moment.1 » Cela démontre que rien n’est acquis sur l’écriture, et les romanciers n’y font pas exception !

En conclusion, chers parents, usez de votre créativité pour inciter vos enfants à vous écrire des textes. Faites-vous, par exemple, un journal familial où tout un chacun écrit les  « faits saillants » de la journée. Qui sait ? Peut-être découvrirez-vous enfin l’auteur de l’étrange personnage nocturne qui laisse des miettes de biscuits sur le parquet de votre salon !

1.       Stephen KING, Écriture Mémoire d’un métier, Allemagne, Albin Michel, 2000, p. 319-320.

Manon Éléonor Rossignol,
Chercheuse indépendante en enseignement du français par des processus métacognitifs pour
l’apprenant TDA(H)
Rédactrice, correctrice-réviseure,
Romancière
manoneleonor.blogspot.ca

jeudi 9 février 2017

L’ENFANT TDA(H) : JE ME SUIS ENCORE OPPOSÉ À MA MÈRE. TANT PIS POUR ELLE ! PREMIÈRE PARTIE


MES PARENTS SONT DANS LE CHAMP : TOUS LES ENFANTS S’OPPOSENT. C’EST CONNU ! 

Le parent juge son enfant anormal sur son comportement d’opposition. En fait, s’il pense ainsi, c’est parce qu’il subit ce comportement comme un supplice, mais, surtout, parce qu’on l’a conditionné à le vivre de cette manière. C’est ce qu’on appelle Amener les gens à adopter un consensus, soit un accord consenti par tout le monde, sur un sujet donné.
La Terre est plate en est un parfait exemple : Thalès, savant du VI siècle avant Jésus-Christ, a émis cette thèse qu’ont soutenue Anaximène, Anaxagore et Démocrite, tous des philosophes grecs, qui jouissaient alors d’une grande influence auprès de la communauté scientifique et auprès du peuple.

Une fois l’accord consenti, la thèse devenait une réalité pour tout le monde. Dès lors, toute personne qui osait s’objecter à cette réalité était brûlée sur le bûcher. Cela démontre la puissance et le pouvoir qu’avait le consensus sur les gens à cette époque. Et ça n’a pas changé aujourd’hui, car le consensus est un phénomène aussi puissant de nos jours dans l’esprit des gens qu’il ne l’était à l’époque des philosophes.
Ce que ça veut dire pour l’enfant TDA(H) sur son comportement d’opposition, c’est qu’on amène les parents à être d’accord sur un point de vue, puis on les incite à garder ce point de vue bien en place dans leur esprit. Au fil du temps naît une croyance : « Le comportement d’opposition de l’enfant TDA(H) est un problème. Il est perçu comme un trouble. » L’on scelle ainsi le sort de l’enfant TDA(H). Quelle calamité !
C’est en effet une calamité, car l’on se sert d’un comportement d’opposition pour mieux étiqueter l’enfant, pour en faire une bête noire, la bête noire des apprenants. Encore heureux que je ne sois pas née à l’époque de Thalès, car on m’aurait brûlée sur le bûcher sans hésiter puisque je tiens ici des propos qui vont à l’encontre du consensus social établi au Québec sur l’enfant TDA(H) sur son comportement d’opposition.
Mais, comme l’ère des philosophes est révolue, et, puisque tout citoyen a le pouvoir de changer un consensus social, à condition, bien sûr, qu’il appuie son point de vue d’arguments cohérents et convaincants, je maintiens ma position : un enfant TDA(H) est normal lorsqu’il s’oppose. Là où ça devient anormal, c’est lorsque son comportement d’opposition est obsessionnel. Dès lors, l’enfant manifeste une insatisfaction au parent parce que celui-ci ne répond pas à son « besoin », soit celui d’être entendu : le parent ne se rend pas compte que l’enfant, par ses comportements d’opposition, s’efforce de lui faire comprendre qu’il cherche à connaître la source de l’émotion qu’il vit qui l’insécurise.
En somme, on détourne l’attention du parent du véritable problème, soit les apprentissages de son enfant, en lui faisant voir l’opposition « grossie », comme s’il l’observait à la loupe de la même manière qu’on observe un insecte par une lorgnette, grossi une cinquantaine de fois.
Mais il y pis encore ! En détournant l’attention du parent, on l’incite à oublier un principe fondamental chez le développement de l’enfant : tous les enfants s’opposent à leurs parents puisqu’il s’agit là d’un comportement propre à leur processus de développement. J’ose vous le réécrire : tous les enfants sur Terre s’opposent à leurs parents ! C’est un comportement sain et souhaitable. 

L’ENFANT TDA(H) : JE ME SUIS ENCORE OPPOSÉ À MA MÈRE. TANT PIS POUR ELLE ! 2e PARTIE
JE SUIS PASSÉ MÂTRE DANS L’OPPOSITION. C’EST NORMAL :  JE FAIS ÇA DEPUIS QUE J’AI DEUX ANS !


Manon Éléonor Rossignol,
Chercheuse indépendante en enseignement du français par des processus métacognitifs pour
l’apprenant TDA(H)
Rédactrice, correctrice-réviseure,
Romancière
manoneleonor.blogspot.ca